9. Le jour où j'ai eu ma carte de séjour
Je m'appelle Aisha. Je suis syrienne. Le jour où j'ai reçu ma carte de séjour restera gravé dans ma mémoire pour toujours. C'était il y a trois mois.
Mon parcours pour arriver à ce jour a été long et difficile. Je suis arrivée en France il y a quatre ans avec mes deux enfants. Nous avons fui la guerre en Syrie. Mon mari est mort dans un bombardement.
Quand nous sommes arrivés, nous avons demandé l'asile. On nous a donné un récépissé, un papier provisoire. Ce récépissé, il fallait le renouveler tous les trois mois, puis tous les six mois.
Chaque renouvellement était une angoisse. Et si on nous refusait l'asile ? Et si on nous renvoyait en Syrie ? Je ne dormais pas les nuits précédant les rendez-vous à la préfecture.
L'examen de notre dossier a pris deux ans. Deux ans d'attente, d'incertitude, de stress permanent. Deux ans à vivre avec des papiers provisoires qui ne permettaient pas grand-chose.
Avec juste un récépissé, je ne pouvais pas travailler légalement. Je ne pouvais pas voyager. Je ne pouvais même pas ouvrir un compte bancaire normal. Nous vivions dans un centre d'hébergement pour demandeurs d'asile.
Il y a eu l'entretien à l'OFPRA, l'Office français de protection des réfugiés et apatrides. J'ai dû raconter mon histoire, encore et encore. Expliquer pourquoi j'avais quitté mon pays. Prouver que j'étais vraiment en danger.
C'était traumatisant de revivre ces moments. La guerre, la mort de mon mari, la fuite avec mes enfants. Je pleurais en racontant. L'officier de l'OFPRA était bienveillant, mais il devait vérifier chaque détail de mon histoire.
Après l'entretien, encore de l'attente. Des mois et des mois.
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