1. Mon premier vote en France
Je m'appelle Aminata. Cela fait huit ans que je vis en France. L'année dernière, j'ai enfin obtenu la nationalité française. Et il y a trois mois, j'ai vécu un moment que je n'oublierai jamais : j'ai voté pour la première fois.
Dans mon pays d'origine, la Côte d'Ivoire, je n'avais jamais voté. Les élections étaient souvent compliquées, parfois dangereuses. Beaucoup de gens n'avaient pas confiance dans le système électoral.
Quand j'ai reçu ma carte d'électrice par la poste, j'étais extrêmement émue. C'était une petite carte bleue avec mon nom dessus. Elle représentait tellement pour moi : la preuve que j'étais vraiment française, que j'avais le droit de participer aux décisions de mon pays d'adoption.
Les semaines précédant les élections municipales, j'ai regardé tous les débats à la télévision. J'ai lu les programmes de chaque candidat. Je voulais faire un choix éclairé. Mon mari me taquinait : « Tu prends ça plus au sérieux que quelqu'un qui vote depuis trente ans ! »
Le jour du vote, je me suis levée tôt. J'ai mis une belle robe, comme si j'allais à une cérémonie importante. Pour moi, c'était vraiment une cérémonie.
Je suis allée au bureau de vote, qui se trouvait dans l'école primaire de mon quartier. Il y avait déjà une petite file d'attente. J'ai observé les gens autour de moi. Certains semblaient blasés, ils venaient voter par habitude. D'autres, comme moi, avaient l'air concentrés et graves.
Quand mon tour est arrivé, j'ai présenté ma carte d'électrice et ma carte d'identité. L'assesseur a vérifié mon nom sur la liste électorale. Il m'a tendu les bulletins de vote.
J'ai pris tous les bulletins, même ceux des candidats pour qui je n'allais pas voter. On m'avait expliqué que c'était important pour que personne ne sache pour qui j'allais voter.
Je suis entrée dans l'isoloir. Mon cœur battait fort. J'ai choisi mon bulletin, j'ai plié les autres et je les ai mis dans l'enveloppe.
Puis, je me suis avancée vers l'urne. Le président du bureau de vote m'a demandé : « Vous avez voté ? » J'ai répondu d'une voix claire : « Oui. »
Il a annoncé : « A voté ! » J'ai glissé l'enveloppe dans l'urne. J'ai entendu le petit bruit qu'elle faisait en tombant.
À ce moment précis, j'ai ressenti une émotion intense. J'avais participé à la démocratie. Ma voix comptait autant que celle de n'importe quel autre citoyen français.
En sortant du bureau de vote, je me suis rendu compte que j'avais les larmes aux yeux. Une vieille dame m'a souri : « C'est la première fois que vous votez ? » J'ai hoché la tête. Elle m'a dit : « C'est un privilège qu'on ne doit jamais oublier. »
Le soir, j'ai regardé les résultats à la télévision avec mon mari. Mon candidat n'a pas gagné, mais ce n'était pas grave. L'important, c'était que j'avais exercé mon droit de vote.
Aujourd'hui, quand je vois ma carte d'électrice dans mon portefeuille, à côté de ma carte d'identité française, je ressens toujours la même fierté. Je pense à tous ceux qui, dans le monde, ne peuvent pas voter librement. Je me dis que je suis chanceuse.
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